La réconciliation

Pauline Magnat
3 min readJan 2, 2020

J’ai une relation compliquée à l’effet de groupe depuis toute petite. Comme chacun.e d’entre nous, il y a eu les années compliquées du collège où l’on se retrouve victime de petits clans du fait de nos particularités. Plutôt solitaire, j’ai toujours rêvé de faire partie d’un groupe, d’une tribu, tout en craignant énormément les effets qu’ils peuvent produire.

Depuis 10 ans, je m’intéresse au fonctionnement des communautés et des collectifs avec cette question en filigrane : comment créer une communauté forte qui soit également ouverte et inclusive ?

Crédit photo : Common Grace

Dans notre société occidentale où l’individu est mis en avant comme une norme nous passons sous silence les dynamiques de groupes (voir de classes) qui se jouent. Nous ne pensons la liberté que comme individuelle et oublions de regarder les privilèges et obstacles liés à nos groupes d’appartenance. Or ces dynamiques de groupe, allant parfois jusqu’à des systèmes d’oppression (tous les -ismes que nous connaissons bien : racisme, âgisme, sexisme…) sont à l’origine de multiples traumas qui nous empêchent d’aller collectivement vers une société plus juste.

J’entends parfois dans le milieu de l’activisme que « vu l’urgence, il faut aller vite » ou encore « que le dérèglement climatique est la cause la plus importante, car si on ne la règle pas, on va tou.te.s disparaître », ce qui peut nous pousser à nous allier avec celleux qui nous ressemblent pour penser la lutte. C’est beaucoup plus rapide. Mais est-ce que ça fonctionne ? J’ai été dans des réunions mêlant plusieurs ONGs sur le sujet de l’environnement où lorsque la question de l’inclusivité du mouvement climat se posait, on concluait que « c’est pas de notre faute si ça n’intéresse pas les autres » alors qu’une seule personne racisée était autour de la table…Nous avons du mal à accepter que nos groupes sont peu inclusifs.

Début novembre, j’ai pu passer une semaine au Village des Pruniers lors de l’organisation de leur semaine de la terre. Nous étions plusieurs activistes venant principalement des luttes écologiques et de plusieurs pays. Durant cette semaine, j’ai eu la chance de prendre part à une cérémonie de réconciliation mené par Ejna Fleury, ambassadrice de la paix de la tribu des Sioux de Crow Creek. Cette cérémonie a pour but de soigner les traumas de nos lignées liés aux massacres et guerres contre l’humanité, les autres espèces et notre terre mère. C’était un moment sacré et qui m’a énormément touché : voir la représentante d’un peuple qui a été décimé et parqué, prôner ainsi la réconciliation m’a coupé le souffle.

Alors on en est là, on ne pourra créer un système durable que si l’on avance tou.te.s ensemble. On ne pourra avancer ensemble que si l’on procède à une réconciliation. On ne pourra se réconcilier que si l’on soigne les traumas liés à nos collectifs. On ne pourra soigner ces traumas que si on accepte de les regarder en face, de prendre nos parts de responsabilité en tant qu’oppresseur, de gérer notre culpabilité et d’accepter de demander le pardon.

Es-tu prêt.e à demander pardon ?

RDV sur www.le-bucher.com

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Pauline Magnat

Sur le chemin de l’activisme sacré. Essayer de penser le monde différemment et mettre son énergie à en construire un plus juste. Co-fondatrice www.le-bucher.com