Sauvage, où es-tu ?

Pauline Magnat
3 min readJan 2, 2020

Ca m’arrive chaque fois que je cuisine mes brocolis. C’est encore pire avec le chou romanesco. Je le passe sous l’eau, je le nettoie, je l’observe. Et ça me rappelle à chaque fois à quel point les fractales sont fascinantes. A mesure que je le décompose, je me retrouve avec la même chose, juste en plus petit. A croire que dans la vie on ne fait que reproduire à petite échelle ce que l’on observe à plus grande échelle.

Si je vous parle de choux, ce n’est pas pour vous donner faim, mais pour vous dire que ces reproductions de formes sont partout. Des « patterns », des comportements qui se répètent sans même que l’on s’en rende compte. Le dernier en date dont j’ai pris conscience et qui m’a bouleversé c’est la manière avec laquelle nous traitons le sauvage. En commençant par la nature sauvage. « La nature est morte donc tuons la nature » dit l’Anthropocène. Tout ce qui n’a pas été façonné par l’homme disparaît à vitesse grand V et tout ce qui n’a pas d’utilité directe pour nous, humains, fond comme neige au soleil glacier dans notre période de dérèglement climatique. On ne parle plus de forêts mais de puits carbones, comme si les arbres avaient changé leurs comportements pour nous satisfaire. Comme le dit Virginie Maris, « préserver la nature, c’est refuser que le régime de l’artifice et de l’urgence dicte les priorités jusque dans les territoires que l’on a justement épargnés de la frénésie de l’homme moderne ».

Malheureusement, nous avons tendance à traiter la part sauvage du monde de la même façon que l’on traite la part sauvage en nous. Cette part archaïque, indomptée, vitale, non domestiquée — Quelle est la dernière fois que vous lui avez laissé de la place?

Quelle est la dernière fois que vous avez peint, dansé ou chanté juste pour le kiffe ? Sans vous préoccuper de la tête que ça avait de l’extérieur ? C’est quand la dernière fois que vous avez pris une décision en vous appuyant sur ce que vos tripes vous disaient, même si ça ne vous paraissait pas rationnel de prime abord?

Nous, occidentaux, vivons dans une société où l’on nous dit en permanence qu’il faut museler ses instincts naturels. Qu’il faut les contrôler, les assagir.

Nous, occidentaux, vivons dans une société où l’on nous dit en permanence que ce qui n’est pas productif n’a pas de valeur. Nous reléguons souvent ce qui nous fait nous sentir vivant au statut de simple loisir.

Nous, occidentaux, vivons dans une société où est beau ce qui a été artificialisé. Il suffit de regarder les jardins à la française et les pubs photoshoppées dans les magazines.

Avec ce constat en tête, redonner de la place au sauvage, devient un acte de résistance nécessaire. Que ce soit dans vos jardins ou dans votre coeur. Il me semble nécessaire d’apprendre à mieux habiter la terre. Il me semble nécessaire d’apprendre à mieux habiter notre corps.

Es-tu prêt.e à explorer ta part sauvage ?

RDV sur www.le-bucher.com

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Pauline Magnat

Sur le chemin de l’activisme sacré. Essayer de penser le monde différemment et mettre son énergie à en construire un plus juste. Co-fondatrice www.le-bucher.com