Weeknote #2 — nov 2020

Pauline Magnat
6 min readNov 13, 2020

Cette semaine, un mot semble avoir lié pas mal de mes expériences et compréhension. Et ce mot c’est “complotisme”. Je vous rassure, j’ai aussi pris le temps de continuer à m’ancrer sur ce nouveau territoire qui est le mien. Et quoi de mieux que l’ancrage pour faire face aux vents des théories incertaines.

Les Glandasses, rien de mieux pour rester ancrée.

La semaine a commencé par essayer de commencer à comprendre ce qu’il s’était passé pendant les présidentielles américaines pour mieux en saisir les résultats, les tenants et aboutissants. Ce qui devait être une victoire grandiose pour Biden s’est transformée en victoire beaucoup plus minime des démocrates. Plus de 70.5 millions d’américains ont voté pour Trump. C’est plus qu’en 2016…Le trumpisme n’est pas mort, et représente bien une tendance de fond aux USA.

J’ai toujours suivi de près les USA parce que c’est un pays qui me fascine et me terrorise en même temps, et surtout parce que j’ai la sensation qu’on a une tendance à parfois un peu trop s’en inspirer et de les imiter à notre tour. Les comprendre c’est, pour moi, apprendre à comprendre un futur possible pour notre société française.

Alors bien sûr je suis biaisée du fait de mon positionnement politique, mais selon moi le grand apprentissage de cette campagne c’est que ce sont les démocrates progressistes qui ont garantit les élections aux démocrates, ce sont ceux et surtout celles qui sont non pas allés voter pour Biden parce que son programme les inspirait mais qui se sont liés pour faire blocage à un programme fasciste. Et la conclusion elle est là:

A force de ne pas se positionner sur les problèmes de fond du pays (racisme, police militarisée, système pénitencier en partie privatisé…) et de ne pas prendre au sérieux les mouvements conspirationnistes qui s’amplifient dans le pays, les démocrates de l’establishment laissent l’extrême droite avoir le monopole sur ces sujets, nourrissant les discours racistes et sexistes associés. A quand le retour du courage en politique ?

Et malheureusement, en attendant, celles et ceux qui tentent de porter une vision politique ambitieuse et radicale se découragent. Comme AOC le partage dans cet article.

A lire aussi, l’analyse d’AOC sur la sous-performance des démocrates aux élections:

https://twitter.com/AOC/status/132469430123492147

AOC, the queen.

A partir de là, comment faire parler ensemble les camps opposés? C’est ce sujet que je suis allée explorer avec mon amie Leila mardi matin, alors qu’elle animait pour un petit groupe une session de débat et nous transmettait en même temps les premiers principes de la méthode à laquelle elle se forme, la deep democracy.

La deep democracy est une méthode de facilitation de groupe et de prise de décision qui vise à faire remonter dans la conscience du groupe l’ensemble des données inconscientes et de faire discuter les polarités sans que chacun s’enferme dans une position fermée mais puisse prendre un choix plus éclairés par les différents points de vue.

Le processus que nous avons exploré en groupe.

En parlant de polarité, je me trouve aujourd’hui dans l’incompréhension de la montée des théories complotistes en France. Alors que j’en entendais parler de loin depuis mars, elles se rapprochent désormais de plus en plus de moi et commencent à apparaître dans des cercles et communautés que j’apprécie beaucoup, comme la communauté spirituelle, de l’écologie profonde ou du développement personnel. Cela me conforte encore plus dans mon idée de promouvoir une spiritualité engagée et ancrée, qui admet la complexité de ce monde et aide les collectifs à vivre dans cette complexité et non de la court-circuiter avec des discours qui apaisent car ils sont simples et nous ramène à une notion de bien et mal bien définie.

Pour voir ce qu’il pourrait bientôt se passer chez nous, je vous invite à regarder l’excellent documentaire “La fabrique du mensonge” qui explore la communauté, dois-je dire secte, Qanon qui alimente l’extrême droite américaine avec des théories ahurissantes et des américain.e.s perdu.e.s. C’est une communauté sur laquelle Trump surfe avec aisance et on peut voir que Bolsonaro a usé des mêmes techniques au Brésil, en prenant pour bouc-émissaire la communauté LGBT de son pays.

Ce que je n’arrive vraiment pas à comprendre, c’est pourquoi les théories du complot se répandent autant au sein des communautés blanches, hétéros, de classe moyenne alors que les minorités sociales, qui ont toutes les raisons de penser que le monde entier est contre elles, sont souvent beaucoup plus résilientes face à ces narratifs

Tout cela me confirme qu’il y a beaucoup de soin à apporter à ce monde, et je suis pressée de commencer ma formation sur le trauma collectif avec Thomas Hübl pour apprendre de nouveaux outils. Pour me mettre dans le bain, j’ai regardé la superbe série Unorthodox qui traite très bien du sujet du trauma collectif et historique au sein de la communauté juive et plus particulièrement des hassidiques. Et comme ça m’a donné envie d’en apprendre plus sur la communauté ultra-orthodoxe, j’ai regardé ce super docu sur une femme ultra-orthodoxe qui a lancé le premier service de secours pour des femmes et par des femmes pour la communauté ultra-orthodoxe à NYC.

Sur une note plus joyeuse, j’ai avancé sur des choses tip top cette semaine comme :

  • Le nouveau site du bûcher qui va être tout beau et aura une page entière dédiée à l’activisme sacré avec des beaux contenus
  • Au sein d’extinction rebellion, on avance sur la création d’une formation longue de 2 mois sur la culture régénératrice
  • Avec mon super groupe de lecture on se lance sur un nouveau libre: Emergent Strategy d’Adrienne Maree Brown
  • Ce midi j’ai déjeuné avec Guillaume, qui a co-fondé le projet clairière & canopée qui propose des séjours de jeûnes et randonnée et ça m’a donné bien envie
  • Il a fait super beau cette semaine ce qui m’a permis d’aller faire plusieurs marches à la rencontre des différents chevaux qui vivent pas loin de chez moi ;)

Et pour finir, cette semaine est sorti l’épisode de XR TV dans lequel j’interviens et animé par les incroyables rebelles Armelle et Maxime :) J’y parle à partir de la minute 20.

— — — — — — — — — — — — — — — — —

Mes apprentissages cette semaine :

  • Il ne suffit pas de combattre le fascisme, il faut lui opposer un narratif plus beau, plus engageant, et qui viennent soigner les blessures profondes
  • L’activisme sacré est essentiel pour freiner le développement de théories complotistes au sein même des communautés spirituelles
  • Si le trauma n’est pas conscientisé et soigné, il continue à agir sous des formes différentes chez les individus mais aussi au sein du collectif
  • Il y a plein de projets passionnants à découvrir dans la Drôme et je suis pressée d’être déconfinée pour pouvoir en voir un peu plus ;)

Citation de la semaine
It’s the incoming. It’s the stress. It’s the violence. It’s the lack of support from your own party. It’s your own party thinking you’re the enemy. When your own colleagues talk anonymously in the press and then turn around and say you’re bad because you actually append your name to your opinion.

I chose to run for re-election because I felt like I had to prove that this is real. That this movement was real. That I wasn’t a fluke. That people really want guaranteed health care and that people really want the Democratic Party to fight for them.

AOC lors d’une interview au New York Times

--

--

Pauline Magnat

Sur le chemin de l’activisme sacré. Essayer de penser le monde différemment et mettre son énergie à en construire un plus juste. Co-fondatrice www.le-bucher.com